Taxe sur les salaires : qui est concerné et comment l’appliquer ?

Maîtriser les obligations fiscales pour mieux gérer votre entreprise

Temps de lecture 7 minutes
Eric JACKIEWICZ
Expert en création d'entreprise

Beaucoup d’employeurs pensent à tort que seules les cotisations sociales pèsent sur la masse salariale. Pourtant, certaines structures doivent également s’acquitter d’un impôt spécifique : la taxe sur les salaires. Moins connue que les charges classiques, elle concerne un ensemble bien défini d’employeurs, notamment ceux non assujettis à la TVA sur une partie significative de leurs activités. Associations, fondations, établissements privés ou structures médicales : la question se pose dès lors qu’une rémunération est versée. Mais comment savoir si votre structure est concernée ? Comment calculer cette taxe ? Quelles sont les exonérations possibles ? Cet article vous apporte une vision claire et pratique de ce dispositif fiscal, pour vous aider à rester en conformité tout en optimisant votre gestion sociale et financière.

Qu’est-ce que la taxe sur les salaires ?

La taxe sur les salaires est un impôt spécifique affecté au financement de la sécurité sociale et à la compensation des allégements de charges. Elle s’applique exclusivement aux employeurs non assujettis ou partiellement assujettis à la TVA. Concrètement, si votre entreprise ne collecte pas la totalité de la TVA sur son chiffre d’affaires, vous devrez vous acquitter de cette taxe sur les rémunérations versées à vos salariés. Le barème est progressif et se base notamment sur des tranches de salaires afin d’ajuster le taux applicable.

En d’autres termes, cette taxe vient en complément d’autres contributions sociales et fiscales et représente une charge supplémentaire à bien anticiper dans votre gestion comptable.

Qui est concerné par la taxe sur les salaires ?

La taxe sur les salaires concerne principalement les employeurs établis en France qui ne récupèrent pas l’intégralité de la TVA sur leur chiffre d’affaires. L'employeur doit remplir une des conditions suivantes :

  • L'année N de versement des rémunérations, il n'est pas soumis au paiement de la TVA.
  • L'année N de versement des rémunérations, il est partiellement taxable à la TVA et était soumis au cours de l'année N-1 au paiement de la TVA sur moins de 90 % de son CA.
  • L'année N-1 de versement des rémunérations, moins de 10 % de son chiffre d'affaires est soumis à la TVA
 

Voici les principales catégories concernées :

  • Les associations, organismes à but non lucratif et établissements publics (hors certains groupements comme les groupements de communes) ;
  • Les sociétés exerçant une activité civile, certaines professions libérales ou encore des organismes administratifs ;
  • Certains établissements bancaires, financiers ou d'assurances qui ne sont pas totalement soumis à la TVA.

De plus, pour les employeurs dont le chiffre d’affaires annuel hors TVA reste inférieur aux seuils imposés par la franchise en base de TVA (par exemple, dans le cas des micro-entrepreneurs), la taxe sur les salaires peut être exonérée. Ainsi, même si votre organisation verse des salaires, vous pourriez ne pas être redevable si vous respectez les plafonds réglementaires.

Quelles sont les exonérations et cas particuliers ?

Plusieurs cas particuliers et exonérations existent afin d’alléger l’impact de la taxe sur les salaires pour certaines structures. Parmi les exonérations notables figurent :

  • Franchise en base de TVA : Les employeurs dont le chiffre d’affaires annuel hors TVA ne dépasse pas le seuil défini bénéficient d’une exonération ;
  • Particuliers employeurs : Les particuliers qui emploient un salarié à domicile ou un assistant maternel peuvent être exonérés sous certaines conditions ;
  • Certains établissements spécifiques : Les établissements d’enseignement supérieur délivrant un diplôme d’État Bac+5 et certaines structures agricoles peuvent également être exonérés ou bénéficier d’un traitement particulier ;
  • Rémunérations exonérées : Certaines rémunérations, telles que celles versées aux apprentis, peuvent être exclues du calcul de la taxe sur les salaires.

Ces mesures permettent d’adapter la fiscalité aux spécificités de chaque type d’organisation et d’éviter une charge disproportionnée pour les petites structures.

Comment est calculée la taxe sur les salaires ?

Le calcul de la taxe sur les salaires repose sur une assiette définie par l’ensemble des rémunérations (salaires, primes, avantages en nature, etc.) versées par l’employeur. Voici les étapes principales :

Détermination de l’assiette fiscale : L’assiette correspond généralement à la même base que celle utilisée pour la CSG sur les revenus d’activité. Seules les rémunérations réellement versées à l'ensemble du personnel sont concernées ; certaines indemnités, recettes de remplacement ou rémunérations des apprentis peuvent être exclues.

Application d’un barème progressif : Le montant imposable est soumis à différents taux en fonction des tranches de rémunérations :

  1. un taux normal de 4,25 % s’appliquera sur la totalité du salaire
  2. un taux de 4,25 % sur la seconde tranche : 762€/mois < rémunération < 1 522€ (ou 18 258€/an)
  3. un taux de 9,35 % sur la troisième tranche : 1 522€/mois < rémunération

Exemple : pour une rémunération mensuelle de 3 000€, la taxe sur salaire due sera de : (3 000 x 4,25%) + ((1 522 - 762) x 4,25%) + ((3 000 - 1 522) x 9,35%) = 298€

Calcul du rapport d’assujettissement : Pour les entreprises partiellement assujetties à la TVA, le calcul intègre un rapport qui permet d’ajuster l’assiette de la taxe. Ce rapport se détermine à partir du rapport entre le total des recettes n’ouvrant pas droit à déduction de TVA et le total du chiffre d’affaires. Un exemple chiffré simple : si 80 % du chiffre d’affaires n’est pas soumis à TVA, la base de la taxe sera ajustée à 80 % du montant global des rémunérations.

Mécanismes d’ajustements : Des dispositifs comme :

  • la franchise – qui suppose qu’en dessous d’un certain montant (1 200 € annuels) la taxe n’est pas due –
  • la décote pour des montants intermédiaires, permettent de réduire l’impact de la taxe sur les entreprises. L'employeur dont le montant annuel de la taxe est compris entre 1 200 € et 2 040 € bénéficie d'une décote égale à 75% de la différence entre 2 040 € et le montant réel de sa taxe => 0,75 x (2 040 - montant de la taxe)

En pratique, l’ensemble de ces étapes aboutit à un montant total de taxe que l’entreprise doit intégrer dans sa gestion financière.

Comment déclarer et payer la taxe sur les salaires ?

La déclaration et le paiement de la taxe sur les salaires se font selon des régimes différenciés, établis en fonction du montant de la taxe due l’année précédente :

  • Versement annuel : Pour une taxe inférieure à 4 000 €, une déclaration annuelle, généralement au moyen du formulaire 2502‑SD, doit être déposée avant le 15 janvier de l’année suivante.
  • Déclarations trimestrielles : Si le montant de la taxe se situe entre 4 000 € et 10 000 €, le paiement est effectué par trimestre (15 avril, 15 juillet, 15 octobre et 31 janvier N+1). Pour les trois premiers trimestres, vous devez régler un versement provisoire via le formulaire 2501‑SD, avec un complément régularisé lors de la déclaration annuelle.
  • Déclarations mensuelles : Les entreprises dont la taxe dépasse les 10 000 € doivent procéder à des versements mensuels via le même formulaire, au plus tard le 15 du mois suivant.

Ces démarches se font désormais par voie dématérialisée sur l’espace professionnel du site des impôts ou via des dispositifs EDI mis en place par les experts-comptables.

Voici une liste récapitulative des échéances :

  • Versement mensuel si taxe > 10 000 €
  • Versement trimestriel pour une taxe entre 4 000 € et 10 000 €
  • Versement annuel pour une taxe < 4 000 €

Conseils pratiques et erreurs à éviter

Pour éviter des erreurs de déclaration ou des redressements fiscaux, il est conseillé de tenir une comptabilité à jour en vérifiant régulièrement vos chiffres d’affaires et l’assujettissement à la TVA afin de déterminer correctement si vous êtes concerné par la taxe sur les salaires.

N'hésitez pas à utiliser des simulateurs en ligne, plusieurs outils permettent d’estimer le montant de la taxe dès le départ en entrant vos rémunérations mensuelles ou annuelles. Vérifiez, également, vos exonérations, comme la franchise en base de TVA ou la présence d’apprenti(e)s, qui pourraient réduire votre base imposable.

Se rapprocher d’un expert-comptable pour une application précise des règles, est toujours recommandé. Ainsi, vous pourrez éviter les erreurs de déclaration et optimiser votre gestion fiscale.

En adoptant ces bonnes pratiques, vous disposerez d’un suivi clair et précis de vos obligations et vous éviterez les mauvaises surprises.

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Avec plus de 20 ans d’expérience, expert-comptable, Eric Jackiewicz est devenu une référence dans le domaine de l’accompagnement à la création d’entreprise. Passionné par l’entrepreneuriat, il met au sein de son organisme de formation toute son expertise au service des entrepreneurs actuels et futurs en proposant un suivi personnalisé et adapté à chaque besoin.

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FAQ sur la taxe sur les salaires

Elle est due par tous les employeurs établis en France qui ne sont pas totalement assujettis à la TVA, c’est-à-dire quand moins de 90 % du chiffre d’affaires est soumis à cette taxe.

Le rapport s’obtient en divisant le total des recettes n'ouvrant pas droit à déduction de TVA par le total des recettes. Ce coefficient ajuste l’assiette des rémunérations pour le calcul de la taxe.

Selon le montant de la taxe due l’année précédente, vous paierez soit mensuellement, trimestriellement ou annuellement, en utilisant notamment le formulaire 2501‑SD pour les versements provisionnels et le 2502‑SD pour la régularisation annuelle, à effectuer par voie dématérialisée.

Oui, par exemple, les entreprises dont le chiffre d’affaires se situe en dessous de la limite de la franchise en base de TVA ou les particuliers employeurs d’un salarié à domicile peuvent être exonérés, sous réserve du respect de certaines conditions.

La taxe sur les salaires s’impose aux employeurs ne collectant pas la totalité de la TVA et est calculée sur la base de rémunérations soumises à un barème progressif. En fonction de votre chiffre d’affaires et d’éventuelles exonérations, le mode de déclaration (annuel, trimestriel ou mensuel) variera. L’anticipation et la rigueur dans la tenue de votre comptabilité sont des atouts indispensables pour éviter tout redressement. En vous formant et en vous entourant de professionnels, vous gagnerez en sérénité dans la gestion de vos obligations fiscales.